Mikeno - Nœuds et cordages

Les nœuds

Les nœuds marins ont la particularité de bien tenir et de se dénouer facilement. Il en existe des dizaines mais voici les indispensables, les plus utiles et les plus utilisés. Certains nœuds d’escalade sont aussi utilisés en bateau, ils doivent bien sûr être résistants mais aussi pouvoir se dénouer facilement.

Un tour mort et deux demi-clés

C’est le nœud à tout faire, simple à réaliser et il peut même être noué et dénoué avec un cordage sous tension, c'est le premier nœud à connaître !

Un tour mort et deux demi-clés

Le nœud en huit

Il est utilisé pour terminer un cordage (écoute, drisse, bosse de ris…) pour que le cordage reste bloqué dans une pièce d'accastillage.

Le nœud en huit

Le nœud de chaise

Ce nœud, qui forme un œil (une boucle), est sans doute le nœud le plus utilisé. Il sert à tout ou presque.

Le nœud de chaise

Le nœud de cabestan

Utilisé principalement pour accrocher les pare-battages sur une filière ou un balcon mais aussi pour attacher une amarre à une bitte d’amarrage.

Le nœud de cabestan

Tourner un taquet

Il sert presque exclusivement à fixer les amarres sur des taquets ou doubles bittes d’amarrage, il peut lui aussi être noué et dénoué avec un cordage sous tension.

Tourner un taquet

Le nœud d’écoute

Il sert à relier ensemble deux cordages de sections différentes. Le cordage de plus forte section (en rouge sur la photo) doit former la boucle simple (appelée ganse) dans laquelle le cordage plus fin s'insère avant de l'entourer. Le sens des boucles est important, en effet, les deux extrémités doivent se retrouver du même côté, sinon le nœud peut glisser.

Le nœud d’écoute

Le nœud de Prussik

C’est un nœud auto-serrant nécessitant une cordelette autobloquante encore appelée « ficellou ». En escalade, ce nœud permet d’assurer sa descente en rappel auto-assuré, sur un voilier, il peut être employé pour s’assurer sur une drisse lorsqu’on grimpe au mât ou pour accrocher un bout à un autre.

Le nœud de Prussik

Le nœud de bosse

Dans le même genre, pour reprendre du mou sur une amarre ou une écoute tendue au point qu'on n'arrive pas à la larguer, il suffit de fixer une ligne plus fine, elle même reprise sur un winch ou un palan.

Le nœud de bosse

Le nœud de mule

Ce nœud est très utile pour le navigateur solitaire, il permet d'amarrer provisoirement un bateau, car il peut être libéré facilement. Il suffit de tirer sur le brin libre pour le dénouer, même si le nœud est encore sous tension.

Le nœud de mule

Nœud de pécheur double ou Nœud autobloquant Machard et Prussik

Ce nœud permet de relier 2 cordages, voir la vidéo.

Nœud de pécheur double ou Nœud autobloquant Machard et Prussik

Afin d’apprendre à réaliser tous ces nœuds, vous pouvez utiliser « Knots 3D » (sous Android et IOS) qui ne coûte que 2 Euros ou visiter l'excellente page Matelotage de Xavier Mannino.

Les cordages

Que ce soit pour une drisse, une écoute, une amarre ou une ligne de mouillage, le choix de la fibre est primordial, elle déterminera en grande partie les performances du cordage, mais aussi sa durabilité et sa fiabilité.

Le Polyamide (composé de 3 torons)

C’est la fibre la plus utilisée dans la fabrication de cordages marins, principalement utilisé pour amarres, câblots et aussières. Son élasticité lui confère une excellente capacité d’absorption des chocs et de résistance aux surcharges occasionnelles. Le Polyamide offre une excellente résistance aux frottements ainsi qu’une résistance modérée aux UV mais il ne flotte pas.

Le Polyamide (composé de 3 torons)

Le Polypropylène (composé de 3 torons)

Le principal intérêt d’utiliser des fibres polypropylène en milieu marin est sa flottabilité. Il est utilisé en bout de remorquage mais aussi pour amarrer le bateau à des rochers ou des arbres.

Le Polypropylène (composé de 3 torons)

Le Dyneema (gainé)

Il est le plus souvent utilisé pour la confection de drisses et d’écoutes. Son extrême légèreté, son faible coefficient d’allongement, sa grande résistance à la rupture en font la fibre idéale pour la confection de cordages hautes-performances. La fibre Dyneema est très appréciée pour les raisons suivantes :

  • à charge de rupture équivalente, le Dyneema est 7 fois plus léger que l’acier,
  • en cas de rupture accidentelle, pas d’effet « fouet »,
  • excellente adaptabilité au milieu marin
  • hydrophobe et
  • un faible coefficient d’allongement
Le Dyneema (gainé)

Le Kevlar (gainé)

Comme pour le Dyneema, c’est une fibre utilisée pour la confection de drisses ou le gainage haute performance mais ses hautes performances sont limitées dans le temps car il présente de fortes intolérances aux UV, à l’humidité, aux flexions et contre-flexions répétées.

Le Kevlar (gainé)

Le Chanvre (composé de 3 torons)

C’est une fibre naturelle, aujourd’hui principalement utilisée à titre décoratif, il présente néanmoins une bonne capacité à résister au milieu marin mais il ne flotte pas.

Le chanvre

Entretien et rangement des cordages

L’entretien d’un cordage commence dès l’instant où la longueur souhaitée est coupée. Faire donc attention à ce que les extrémités soient bien tranchées net, puis chauffées afin de souder les fibres entre elles, le mieux étant de faire des surliures pour les cordages gainés et des épissures pour les cordages à torons. Comme tout produit de consommation, un cordage s’use au fil du temps, entretenir ses cordages nécessite d’appliquer quelques recommandations pouvant facilement augmenter leur durée de vie. Les principaux ennemis sont :

  • L’abrasion - Penser à protéger ses haussières avec des sur-gainages en textile, en cuir ou avec des morceaux de tuyau d’arrosage. Penser aussi à contrôler le gréement (sorties de drisses mât) et à contrôler le cheminement des écoutes, afin qu’elles ne frottent pas sur une partie saillante du bateau.
  • Le soleil - Quand c’est possible, ne pas laisser les cordages inutilisés dehors.
  • Le sel - Après chaque sortie en mer ou en tout cas le plus souvent possible, il est recommandé de rincer abondamment tous les cordages (amarres, drisses et écoutes) à l’eau douce.

Tout aussi important est de bien ranger les bouts afin de pouvoir les utiliser facilement et rapidement sans devoir à chaque fois perdre un temps fou à les dénouer, on appele ça « lover un bout » et selon le bout, il existe différentes manières de le faire :

Lover un cordage
  • en boucle accrochée à un winch pour les drisses et écoutes,
  • en spirale pour amarres et écoutes,
  • en « Capelage au courant » mais aussi la méthode « Les couilles des Glénans » comme si bien expliqué sur Kousk Eol pour les bouts « à tout faire ».
Couille des Glénans

La résistance d'un cordage, notamment d'une amarre, diminue de 35 à 50% au niveau d'un nœud contre 15 à 20% au niveau d'une épissure.

Voir aussi Les cordages d’un voilier sur l'excellent site de Mers et bateaux.

Stockage des cordages

Les cordages non utilisés doivent être stockés dans des endroits secs, aérés et sans lumière, ils doivent aussi être entreposés en glène (en cercle, en huit ou en spirale) afin de ne pas se déformer et de pouvoir garder leur résistance.

Ah oui, ne pas oublier que sur un voilier il n’y a ni ficelles ni cordes (utilisées autrefois pour pendre les mutins, aussi la corde de la cloche de quart), il n’y a que des cordages et des bouts (prononcer boute) mais il y a un terme précis pour chaque bout ou cordage :

  • les amarres, câblots, aussières ou encore lignes de mouillage,
  • la ou les balancines,
  • les bosses de ris,
  • les cargues,
  • les drisses,
  • les drosses,
  • les écoutes et contre-écoutes,
  • l'étalingure,
  • le galhauban,
  • les garcettes,
  • Les gardes avant/arrière
  • le ou les hale-bas,
  • les manœuvres (courantes ou dormantes),
  • l’orin,
  • la sous-barbe,
  • les torons,
  • la sous-barbe,
  • et probablement bien d'autres ...

Mais aussi tout ce qui est câblage en acier comme les bastaques, haubans, étais, filières, pataras …

Les manilles textiles

Relatif aux nœuds et cordages, il y a les manilles textiles (ou erses à bouton) qui remplacent de plus en plus les manilles traditionelles en métal et qui sont assez faciles à réaliser en utilisant des cordages dyneema à tresse creuse.

Fabrication

Avant de se lancer dans la fabrication d'une manille textile, il faut absolument maîtriser le nœud de sifflet de bosco, aussi appelé nœud de diamant ou nœud de dragonne, voici un excellent tutoriel permettant d'apprendre facilement à réaliser ce nœud : 2 strand diamant - lanyard knot. Après ça, il suffit de suivre les tutoriels pour la réalisation de manilles textiles comme celui-ci : Textile shackle.

L’équilibrage et le serrage du nœud de sifflet de Bosco sont essentiels pour garantir la solidité de la manille textile.

Avantages

  • Non agressives pour le matériel et les utilisateurs,
  • Ne se corrodent pas,
  • Bien plus légères que les manilles métalliques correspondantes,
  • Non bruyantes,
  • Retrait facile sans démanilleur, même après avoir subi de fortes tractions,
  • Assez faciles à réaliser,
  • Peu chères si on les réalise soi-même,
  • Pas de manillon ou d'axe que l’on risque de perdre,
  • Fiables et d'une grande solidité,
  • Pas de ragage,
  • S'ouvre et se ferme d’une seule main au besoin.

Utilisation

Pratiquement partout où on utilise des manilles traditionelles ou des mousquetons :

  • Pour remplacer les manilles aux points d'écoutes et peut-être aussi pour les drisses,
  • Pour fixer des poulies,
  • Pour la balancine ou le hale-bas de tangon.
  • ...

Il ne faut pas les utiliser pour n'importe quoi, la liaison ancre/chaine doit pouvoir résister au ragage et une manille galva est encore la plus indiquée pour cet usage mais rien n'empêche de mettre une manille textile en doublon pour le cas ou la manille métallique casserait.

© Philippe Lagarrigue, 2022 - Avertissement, Contact.